implantation des parcs éoliens en mer

 In Interventions auprès du Gouvernement

J’ai déposé une question écrite à l’attention de François de Rugy, Ministre de la transition écologique et solidaire, sur la problématique du contentieux relatif à l’implantation des parcs éoliens en mer.

En effet, les trois projets lauréats du premier appel d’offres du 12 avril 2012 font toujours l’objet de recours devant le juge administratif à ce jour, soit 7 ans après la décision d’attribution. Le décret du 8 janvier 2016 concernant les ouvrages de production et de transport d’énergie renouvelable en mer a donné compétence à la Cour administrative d’appel (CAA) de Nantes pour connaître en premier et dernier ressort des litiges en la matière. Toutefois, l’expérience prouve que le délai de 12 mois donné à la CAA pour statuer à compter du dépôt du recours n’a pas permis d’accélérer notablement l’examen des recours. Ceci s’explique par la formation quasi systématique de pourvoi en Conseil d’État à l’encontre de la décision rendue. Aucune disposition spécifique du décret venant préciser les modalités de ces recours, c’est donc le droit commun qui s’applique.

Ainsi, un délai supplémentaire de 7 à 9 mois peut s’écouler entre la décision de la CAA de Nantes et le rejet du pourvoi par le Conseil d’État, et même un délai de 10 mois simplement pour déclarer un recours recevable. En ajoutant un nouveau délai d’instruction de l’affaire par le Conseil d’État, c’est une période de plus de 18 mois qui peut s’écouler entre la décision de la CAA de Nantes et la décision du Conseil d’État, sachant que cette dernière peut consister en un renvoi du cas d’espèce devant la CAA de Nantes pour une nouvelle instruction, accroissant d’autant les délais de jugement.

Ce renvoi pour statuer au fond a pour effet de limiter les bénéfices attendus du décret de 2016, comme l’a souligné le Conseil supérieur des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel en avril 2018. A l’inverse, octroyer une compétence directe au Conseil d’État serait de nature à permettre de confirmer la légalité des décisions administratives dans un délai de 12 à 18 mois. Cette avancée permettrait en outre de participer activement à l’amélioration de la visibilité du calendrier de développement des projets, mais aussi à confirmer la tendance actuelle de réduction des coûts de production.

De plus, une telle avancée ne serait pas incompatible avec le respect du droit au recours, dans la mesure où le Conseil d’État est directement compétent concernant des projets susceptibles d’affecter l’environnement, en application de l’article R. 311-1 du code de justice administrative. Cette mesure permettrait en outre de « réduire l’incertitude juridique pesant sur les projets de construction et prévenir les recours abusifs susceptibles de décourager les investissements », comme énoncé par le Conseil constitutionnel dans sa décision n° 2017-672 QPC du 10 novembre 2017. Le nombre limité de contentieux relatif à l’éolien en mer n’entraînerait pas d’encombrement supplémentaire pour le Conseil d’État, puisque celui-ci connaît déjà actuellement de la quasi-totalité des litiges en cassation.

Enfin, la charge des coûts de raccordement des parcs éoliens en mer, estimée entre 150 et 300 millions d’euros, incombe dorénavant à RTE, aux termes de la loi du 30 décembre 2017 mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures. C’est également RTE qui devrait supporter les coûts échoués de raccordement en cas d’abandon du projet, suite à une annulation finale et définitive des autorisations délivrées à l’exploitant. Bien que des garanties puissent être constituées par l’exploitant au profit de RTE, celles-ci n’auraient vocation qu’à couvrir les coûts échoués en cas d’abandon du projet pour défaillance de celui-ci. Or la seule annulation juridictionnelle jamais enregistrée à ce jour avait pour cause une faute de l’État et non de l’exploitant. Une efficience accrue des délais d’instruction des recours serait ainsi bénéfique et plus sécurisant financièrement pour RTE et la bonne gestion deniers publics. Aussi, elle lui demande de lui indiquer les mesures qui pourraient être prises en vue d’améliorer l’efficience des recours juridictionnels, afin d’accélérer la concrétisation de la transition énergétique et d’alléger les risques financiers supportés par la collectivité.

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